Projet à la Une – « Comment vivre en Santé dans un monde post Covid ? »

 

En décembre, nous nous sommes rendus à Charleroi pour découvrir ce projet soutenu par la Wallonie dans le cadre des Stratégies concertées Covid. Elise Lorent, de l’asbl Comme chez Nous, nous a expliqué les actions qu’elle a mises en place, et l’atout important que représente un service de promotion de la santé pour une asbl en temps de crise.

 

INTERVIEW : DÉCEMBRE 2022


Bonjour Elise, pouvez-vous nous présenter votre association ?


Elise Lorent : « L’objectif de Comme chez Nous est de lutter contre le sans-abrisme et d’aider les personnes qui se trouvent en grande précarité, avec une volonté de construire des solutions innovantes et sur le long terme.


Nous avons un centre d’accueil de jour, qui reçoit les personnes en journée et leur offre une aide psychosociale. Nous proposons également notre aide pour trouver des solutions de logement aux personnes à la rue ou mal logées. Enfin, il y a aussi au sein de notre équipe une volonté de partager ses connaissances, son expertise avec l’ensemble du réseau et des acteurs sociaux. Ces trois leviers d’action sont soutenus par de la recherche-action.


L’Humain est au cœur de nos valeurs. Cela signifie travailler avec la personne et pas travailler ‘à la place de…’ Nos travailleurs sociaux et nos bénévoles s’engagent à motiver, à soutenir, à croire en les personnes pour qu’elles puissent atteindre leur objectif. »


Comment Comme chez Nous a-t-elle traversé la période de crise sanitaire ?


Elise Lorent : « Face à un public vulnérable et en situation de précarité sociale, Comme chez Nous a un rôle important à jouer pour réduire les inégalités sociales et ce compris celles en santé. Il y avait donc déjà un programme de promotion de la santé existant au sein de l’asbl.


La Covid a accentué certaines difficultés, mais aussi profondément changé la façon dont les services fonctionnaient. Nous avons dû nous adapter au confinement, au port du masque, au travail social davantage en distanciel, à l’intensification de l’usage du numérique dans les démarches sociales, à la perte de lien… Heureusement que Comme chez Nous avait déjà une branche promotion de la santé pour faciliter ces adaptations. Nous avons accentué le travail de prévention primaire, secondaire et tertiaire. Nous avons continué à diffuser des informations adaptées à notre public cible et à créer des outils accessibles à tous. Et puis de nouveaux partenariats sont nés. »


Quelles actions avez-vous mises en place dans le cadre du projet ?


Elise Lorent : « J’ai commencé à travailler à Comme chez Nous à la mi-juillet 2022. Dans mon travail, j’ai visé trois grands objectifs : la prévention en santé, la promotion de la santé, et la réduction de l’impact de la Covid sur les déterminants de la santé et le bien-être.


Mon plan d’action s’est basé sur une analyse des besoins, qui avaient été récoltés via une enquête préalable auprès des gars et dans le cadre de groupes de parole.


J’ai notamment travaillé à renforcer les connaissances et les compétences sur différentes thématiques, comme les infections bactériennes et virales, le port du masque, le vaccin, les fake news… sans oublier l’importance de l’hygiène corporelle que nous abordions déjà, par exemple lors de la semaine de l’hygiène.


Nous avions aussi identifié un besoin de revenir en groupe et de passer des moments plus joyeux après la Covid. Pour satisfaire ces besoins et ces désirs de bien-être et d’estime de soi, j’ai organisé des activités physiques avec des kinés de l’école de Condorcet. On a mis en place des groupes de parole, qui n’existaient plus avant mon arrivée. J’ai aussi organisé une journée bien-être avec le Pôle Santé et des partenaires. Il y avait la possibilité de voir un podologue, de se faire masser, de prendre soin de sa barbe et d’aller chez la coiffeuse. Tout ça avec des partenaires hyper positifs et motivés à venir en aide. Merci à eux ! »

 

Comment les préoccupations de vos publics ont-elles évolué ? Et celles des travailleurs, des associations ?


Elise Lorent : « Tout d’abord, la Covid n’est plus dans la tête des gens actuellement. C’est certainement lié au fait que cela a été douloureux pour les personnes à la rue d’être coupées des services, de l’accueil. Les gens ne veulent plus y penser. Il y a aussi moins de contraintes liées à la Covid aujourd’hui. Donc il est plus difficile pour nous de leur parler de la vaccination.


Ce n’est plus leur préoccupation actuelle. Aujourd’hui, on remarque beaucoup de souffrances chez les personnes sans logement, qui font face à un mur administratif ou se sentent livrées à elles-mêmes. Heureusement que les travailleurs sociaux sont présents pour les soutenir et les accompagner. C’est un deuxième constat.


Un autre constat intéressant, c’est le besoin de vivre des moments positifs. J’ai pu le constater lors de la journée bien-être, qui a regroupé 45 participants. Ils étaient très heureux de sentir que l’on se préoccupait de leur bien-être. L’estime de soi est vraiment importante, pour eux comme pour tout le monde.


Un quatrième constat était le besoin de travailler en intersectorialité : sortir des sentiers battus, aller voir des partenaires, des personnes, des asbl pour essayer de trouver ensemble une solution innovante. J’ai l’impression d’avoir réussi à le faire ces derniers mois, et cela a été intéressant.


Enfin, les travailleurs sociaux font face à davantage de personnes à fleur de peau, stressées, agressives… à cause des difficultés que nous connaissons aujourd’hui, en post Covid. Et le froid vient s’additionner à cela. Cette tension n’est pas facile à vivre, et il serait nécessaire de se préoccuper du bien-être des travailleurs sociaux également. »